Quelle est la capitale de la Bolivie ?!

Publié le par Aurelie

Sucre et la Bolivie, c'est un peu comme Nantes et la Bretagne.

Historiquement capitale, administrativement non.

 

25 mai 1809, première révolte organisée contre la couronne d'Espagne.

6 aout 1825, signature de la Déclaration d'Indépendance. Sucre est considérée le lieu de naissance de la République de Bolivie (République de Bolivar) et devient donc sa capitale.

1899, une guerre civile perdue contre la Paz déplace les pouvoirs éxécutifs et législatifs ainsi que le siège du gouvernemet à plus de 3000m d'altitude. Sucre garde néanmoins le pouvoir judiciaire et reste Capitale Constitutionelle.

2007, sous la présidence d'Evo Morales, le gouvernement entame une révision de la constitution. Le peuple peut soumettre des propositions pour étude à l'assemblée constituante. Les chuquisaciens (habitants de Sucre et de sa région) soumettent le retour des trois pouvoirs et de la capitale à Sucre. Proposition qui n'est même pas acceptée à l'étude.

 

La révolte gronde. Sucre se pare de banderoles et banières, drapeaux de croix rouge, comme le motif des moines-soldats pendant les croisades, sur tous les batiments administratifs, tribunaux et universités : "Sucre Capital Plena"  "Ni un paso atras"  "Viva Bolivia unida, Sucre capital"(1).

Des listes sur les murs égrènnent les noms des grévistes de la faim depuis 1, 3 ou déjà 10 jours.

 

27 aout 2007, les paysans en costume traditionel, poncho sombre, chapeau en forme de casque de conquistador, débarquent de toute la région, drapeaux colorés boliviens et whipala(2) redorant un peu le triste ciel gris et scandent en cadence "Capitalia", "Sucre de pie"(3).

La foule autour de la place supporte, crie en rythme, applaudit et suit le cortège.

 

Non au totalitarisme, non à la guerre fratricide, oui à la démocratie, vive la Bolivie unie

Universitaires debout, Sucre capitale plenière

28 aout 2007, début de grêves dans tout le pays. Les 2/3 des provinces suivent la requete de Sucre, sauf bien sur La Paz. Mais déjà des divergences s'affichent. A Cochabamaba, des groupes font grêve contre la grêve(4).

 

Dans les journaux, des images de révoltes, d'affrontements, de rispotes armées au gaz lacrimogène. "Ce n'est pas Gaza, ce n'est pas Bagdad, c'est Sucre" titre un des quotidiens local.

 

Analysant cette situation sans trop de recul, ma vision d'occidentale, plus touchée par tous ces vieillards quémandant l'aumone autour des marchés, ces gamins tendant la main, ces femmes mal habillées trainants enfants misérables sur le pas des portes, se demande pourquoi tant de foin pour une histoire de localisation d'une capitale, alors que le pays devrait se préoccuper de problèmes plus "importants" tels que la pauvreté, l'hygiène, l'éducation, la santé, l'accès aux ressources naturelles pour tous, etc...

 

Mais il s'agit plus qu'une histoire de ville. Le problème de la proposition de Sucre est qu'elle n'a même pas été acceptée à l'étude, par opposition à des propositions sur l'homosexualité ou l'avortement. D'où les cris de " dictature" et "mort à la démocratie" du peuple.

Ce que veulent les gens c'est une étude de la proposition, une éventuelle réfutation mais avec des arguments concrets (manque d'aéroport international, problèmes d'infrastructure ou de logistique...), ou un référendum; pas ce refus pur et simple sans concertation.

 

La préservation de la démocratie, la liberté d'idée et d'expression, certains ont bien pris la Bastille pour le même genre de combat...

 

 

(1) : Sucre, capitale pleinière. Pas un pas en arrière. Vive la Bolivie unie, Sucre capitale. 

(2) : Drapeau aymara, les 6 couleurs de l'Arco Iris plus le blanc, disposés en damier. 

(3) : Capitale. Sucre debout.

(4) : A cause des grêves trop nombreuses dans le pays, les travailleurs gagnent difficilement leur vie. Les grêves sont toujours décidées par des députés qui n'ont pas les problèmes financiers des plus pauvres.

Publié dans Bolivia

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